Conquérantes
Nez en l’air, mains dans les poches,
Elle a ce matin la tête à l’envers.
Elle va comme Gavroche
Inspecter sa ville si fière.
Tram charmeur, rails sereins,
Elle s’attarde à la piscine.
Son toit soudain badine
En paquebot des bains.
Les cordages des cheminées s’agglomèrent
En haubans victorieux.
Dessus la joie sème son haleine
Sur les nuages fiévreux.
Tra la la hitou fredonne-t-elle à petits pas pressés,
Le soleil chasse aussi mes rêves. Vive la liberté !
Chaussettes dépareillées, cheveux en tournis,
Elle enlace l’éphémère
Des allées où le vert
S’arrondit en bouquets garnis.
Sa jupe danse le chaloupé
Ses bras se cambrent à la volée.
Elle est prête à s’envoler
Vers le paradis.
Les maisons haussmanniennes s’effacent
Dans le Triangle des marchands
Voilà que soudain se glacent
Au tunnel, les drapeaux flottants.
Son nez de bayadère en l’air
Débouche déjà dans sa rue
Qui, avec talent se mue,
En place et en lumière :
Éclipse de l’économie,
Oeuf de marbre sur poussière,
La fontaine s’assoupit
Sous les fanfares ménagères.
Qu’on est bien chez soi tralala
La vie a du bon parfois.