Hommage à mon grand-père

Hommage à mon grand-père, Henry Billet:

Père de déjà trois enfants,

il fit de 1914 jusqu’en 1918,

la Grande guerre

 

Les suaires aux croix blanches

De Verdun ou dans la Somme,

Alignés comme des vignes

Crient  leur désespoir

Nos soldats étaient si fiers.

D’aller donner leur vie,

Partant fleur au fusil,

Mais le chaos s’acharne

Autour des barbelés

Et les poilus s’attardent

Bien trop dans les fossés.

Baïonnettes corps à cœur

Rouge sang emmêlé,

No Man’s Land crevassé,

Cratères d’obus.

Pantins désarticulés

Sur champs de coquelicots :

Se terrent et meurent les héros 

Pour un bout de terrain

Entouré de tranchées.

Silhouettes garance 

Serrée dans des couloirs

Où les miasmes dominent

Visions de mouroirs, 

Dysenterie, gaz moutarde, vermines

Sous le froid automnal,

Ces maladies ravivent

Les souvenirs passés

Où la paix simple régnait

Sur les cœurs des aimés.

La peur ravine le moral :

Pour seul remède la plupart du temps

Schnaps ou bibine,

Force de ces enfants

Mon Grand-père était là,

-il n’en parlait jamais--

À sauver les blessés.

Traitant et opérant

Du matin au crépuscule,

Parfois jusqu’à l’aube sous la lune,

Seul le clocher servait d’abris

Aux  hôpitaux de fortune.

Dans les villages abandonnés,

Il pratiquait parmi la pestilence,

Au milieu de charniers.

Plus tard à Paris

Au Val de grâce, hôpital militaire,

De ses mains habiles

Il s’essaya à la reconstruction

Des gueules qu’on dit cassées.

Il fallait redonner

Un visage supportable

A ces faces d’os fracassés

Et rendre l’espérance

À ces patients guéris,

De pouvoir embrasser

Leurs femmes, leurs fiancées.

À son exemple tant de gens

De l’ombre, effacés ou oubliés,

Soignèrent avec fraternité

Sans distinction de races,

De grades ou de richesse.

Le serment d’Hippocrate 

Était leur seule promesse.

Ils offrirent  à notre médecine,

Chirurgie réparatrice

Et tant d’autres avancées techniques

Aujourd’hui,

Ne les décevons pas

Car l’Europe est en marche,

Bientôt la mondialisation.

L’indépendance s’exporte

Bien au-delà de nos portes.

L’égalité peu à peu

Grignote la sphère terrestre

Et s’impose la solidarité

Dans les épreuves horribles :

Cyclones, inondations, cataclysme

Épidémie ou feux

Qui surgissent cycliques

Des dérèglements  climatiques,

Thérèse-Françoise Crassous